“C’est moi qui fait toute seule”
Bientôt la fin des vacances et la reprise du rythme effréné de la rentrée…
Pendant les vacances, le rythme est plus cool, vous avez pu passer du temps à voir grandir votre petit chaton… que de progrès en 2 mois ! Votre enfant a développé pleins de nouvelles compétences et c’est top.
Oui mais voilà, votre enfant a grandi justement et aujourd’hui, de plus en plus souvent, vous entendez : “C’est moi qui fait !” Si vous avez trouvé ces affirmations, accompagnées souvent de quelques maladresses, amusantes en vacances, elles risquent fort de peser sur votre patience une fois repris le rythme du reste de l’année. Si vous ne voulez pas replonger dans une crise d’hystérie à la maison au bout d’une semaine, je vous explique comment et pourquoi l’autonomie est aussi un apprentissage pour les parents.
Gestion de la crise:
Équilibrer la balance au quotidien n’est pas toujours une chose facile. On râle quand notre petit loup de se comporte pas “comme un grand”, et quand il veut faire tout seul, on le refrène, on fait à sa place, on lui affirme qu’il n’est pas assez grand … Pas simple pour un enfant de s’y retrouver, ni de comprendre nos attentes de parents. Sans oublier qu’il risque de se dévaloriser en pensant qu’il n’est pas capable et de remettre en question sa confiance.
Pour accompagner au mieux notre enfant, limiter les crises et garder un quotidien plus apaisé, penchons nous sur ce qui nous motive à nous comporter ainsi…
La course contre le temps:
Notre meilleure excuse de parent pour ne pas laisser notre enfant faire les choses tout seul c’est clairement le temps. Entre le travail, la famille, les rendez-vous, les imprévus, nous courons toujours après ! Si nous ne voulons pas encore plus crouler sous la pression, pas le choix de tenir le rythme et d’être rapide et efficace. Notre enfant qui lui a besoin de temps, pour essayer, faire et recommencer (merci le verre de lait à éponger
ou les chaussures inversées au moment de partir…). Et face à la montre, nous sommes souvent perdants… tant pis pour l’autonomie.
On ne prend aucun risque:
Et s’ il risquait de tacher le canapé, de tomber, de se blesser, de casser quelque chose… En effet, il y a toujours un risque lorsque l’on laisse son enfant faire tout seul. Nôtre job de parent est justement de mesurer ce risque. Pourtant, qui n’a jamais renversé un verre ou cassé un objet en tant qu’adulte ?
Et si on prenait un peu de recul …
Parfois, faire à la place de son enfant, et ne pas lui permettre d’être autonome, c’est aussi vouloir qu’il reste bébé et refuser qu’il grandisse. Ce mécanisme n’est pas toujours conscient mais il est important de se demander si finalement, cet enfant, on ne voudrait pas le garder juste pour soi? Il faut parfois un peu de temps et de travail sur soi pour accepter que notre enfant n’est pas une part de nous mais bien un individu indépendant en construction. Ce n’est pas toujours facile d’accepter que notre petit bébé gagne en autonomie alors que l’on était tout pour lui. Certains parents ne voient plus à quoi ils servent si leur enfant fait tout tout seul. Ils oublient alors qu’ils sont un cadre contenant et sécurisant pour leur enfant. C’est grâce à leur présence et leur soutien que leur enfant ose et réussit.
Apprendre est un processus. Pour assimiler un geste ou une action, votre enfant va devoir le faire et le refaire une centaine de fois. De plus, ce qui est évident pour nous car nous faisons les choses sans y réfléchir, ne le sont pas pour lui. Pour l’aider à apprendre:
- 1/ Montrez lui le geste et en lui expliquant.
- 2/ Refaites le geste avec lui.
- 3/ Laissez le faire en restant près de lui.
- 4/ Laissez le faire sans vous.
Apprendre, ça prend du temps. Soyez indulgent et en cas de bêtise, ne le grondez pas car il n’aura aucune envie de recommencer par peur d’être à nouveau grondé. Invitez le plutôt à réparer et à recommencer. Cette idée de persévérance lui servira ensuite toute sa vie.
Tips pour les parents qui accompagnent l’autonomie de leur enfant:
- Observer ce que je fais pour lui sans réfléchir:
verser de l’eau dans son gobelet, lui mettre ses chaussures, fermer son manteau, le laver, le hisser dans la voiture, le faire manger … Et si il apprenait à le faire tout seul ?
- Prendre le temps de l’observer:
Faire une pause pour prendre conscience des compétences de votre enfant et de tout ce qu’il sait déjà faire.
- Attendre de lui des choses possibles selon son âge:
Même s’il grandit, il reste encore un jeune enfant. N’attendez pas de lui qu’il sache déjà gérer ses émotions, aller se coucher seul aux premiers signes de fatigue, avoir la notion du temps, ou ranger spontanément ses affaires…
- Choisir le bon timing:
Expliquer à votre enfant pourquoi parfois il n’est pas possible de le laisser faire seul. Entendre son besoin mais le différer (et respecter son engagement). “Là nous sommes pressés, je te mets tes chaussures mais pour sortir de la crèche, c’est toi qui les mettra.”
- Adapter les objets du quotidien:
Un marche-pied pour être à la bonne hauteur aidera votre enfant à pouvoir se laver les mains. Utiliser un verre en plastique limitera la casse en cas de chute. Utiliser des chaussures à scratch sera plus simple que des lacets.
- Etre précis dans ses demandes:
Prévenir un incident par “fait attention” peut être flou comme consigne. Formulez un message clair qui sera plus profitable à votre enfant qui saura exactement quoi faire. “Pour tenir ton assiette, utilise tes deux mains”.
- Oser lui dire non:
Traverser la route seul: non, grimper sur la commode: non, lancer les cailloux sur la vitre: non, aller dans la piscine tout seul: non. Même si ça ne lui plaît pas, et qu’il n’est pas d’accord; c’est bien à vous de poser le cadre et les limites de ce qui est permis ou non.
= > N’oubliez jamais que votre fermeté et votre posture sont précieuses et sécurisantes pour votre enfant. Il les testera pour être sûr de votre fiabilité et c’est ce qui lui permettra de savoir ce qu’il lui est permis de découvrir en étant en sécurité.
L’autonomie, c’est l’envie d’avoir envie. Pour cet apprentissage, le désir de faire est primordial. Pour qu’une première fois soit réussie, il faut que l’enfant soit fière de lui.
Il ne faut pas brûler les étapes et avoir en tête que l’autonomie n’est pas non plus une compétition. On évite de mettre la pression à un enfant pour qu’il réussisse une tâche même si ses copains y arrivent. En revanche, on peut valoriser les choses et lui proposer des étapes pour réussir. “Un jour, tu sauras t’habiller entièrement tout seul pour aller à l’école. Aujourd’hui, tu mets ta culotte et tes chaussettes et pour le reste je t’aide”.
Pour stimuler l’envie d’être autonome, on peut aussi se lancer des petits défis et utiliser un outil visuel ! A chaque fois que tu mets tes chaussures tout seul, un soleil, idem à chaque fois que tu ranges ton puzzle. Votre enfant sera fier de voir s’accumuler les soleils sur son tableau de réussite !